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Départ et virée dans le Golfe de Gascogne avec Mathias

  • vikenrenouard
  • 23 juil. 2016
  • 13 min de lecture

Récit de la navigation Saint-Brieuc-Concarneau, en faisant un crochet dans le Golfe de Gascogne. 530 miles et 5 jours/5 nuits avec Loussounga et Mathias, fin juillet.

Depuis fin juin, je consacre tout mon temps aux derniers préparatifs. Aucune sortie avec le bateau. Alors que Mathias arrive ce soir pour une semaine de bateau, je n’ai absolument pas eu le temps de faire ne serait-ce qu’une sortie avec Loussounga pour tester le nouveau matériel. Aucune des cinq nouvelles voiles n’a pu être testée. Les deux pilotes, qui ont été démontés, et l’AIS, n’ont pas pu être essayés, etc.

Ce vendredi, je fais mes aurevoir au Fab Lab. C’est une dernière journée plutôt speed mais très sympa. Jean-Pierre, Leticia et JB m’aident à plastifier les supports carto zonage météo. Puis gros rangement dans le bateau. Je boucle le Grab bag, la valise pharmacie, etc..


Mathias me retrouve au Légué, il est 20h30. On mange à la cantine éphémère. Ils mettent longtemps à nous servir et ça ne nous arrange pas, car il reste un peu de boulot pour préparer le bateau. Le départ, c'est demain matin. J’ai fait l’avitaillement hier : nourriture, eau, gaz et gasoil pour 5 jours et 5 nuits, afin de pouvoir naviguer un maximum non-stop si tout se passe bien. La voiture a été rendue la veille, je suis revenu en bus ce matin.

Ce soir, il reste encore à ranger tout l’avitaillement, gréer la grand voile, hisser le foc sur lequel j’ai posé des mousquetons la veille, passer les garcettes de ris, faire le plein d’eau, coudre des lanières sur les toiles antiroulis, installer le feu à retournement, blablabla. Plein de petites choses qui dépassent bien largement le cadre d’une soirée, veille de départ. Bref, on fera ce qu’on pourra, sachant qu’on a déjà de la fatigue d’accumulée.


Au programme pour le lendemain, samedi , 3 options.

  • Soit il y’a des problèmes techniques, et il faut écourter en s’arrêtant à Saint-Quai Portrieux. Cette option est la plus probable, vu tout ce qu’il y a à tester.

  • Soit on poursuit et on progresse tranquillement vers la pointe de Bretagne, on fait le tour et on tente d’être sur Concarneau d’ici dimanche prochain.

  • Soit, dans le meilleur des cas, on navigue non-stop vers la pointe de Bretagne, on tourne à gauche et on descend tout droit sur la bouée Gascogne, au milieu du golfe, avant de remonter sur Concarneau. Ca serait le cas le plus intéressant, pour tester le bateau sur plusieurs jours d’affilés.

Nous verrons bien, on écoutera ce qu’en disent le bateau et la météo. Pourvu qu’ils se mettent d’accord.


Samedi 23 juillet. Grand départ du port d’attache.

Il est 9 heures, on largue les amarres du bateau fantôme sur lequel Loussounga est à couple depuis avril. On arrive à l’écluse. Stephane est là et discute avec tous les bateaux. Il nous salue, clin d’œil : « On y croit ! ». David, le photographe, n’est pas loin. Il prend quelques photos, avant de se rendre sur la pointe pour y faire décoller son drone. On se téléphonera quand on y sera, d’ici une demi-heure. Il souhaite faire quelques images. Passé l’écluse, j’entends une voiture qui klaxonne près du quai. Je reconnais Géraud qui lève la main vers nous.


Nous voilà sortis du port. Peu de vent. « Nouvelle » grand voile d’occasion hissée doucement. Je lève les yeux pour l’observer. Elle me semble très correcte. Premier bon point. Puis nous mettons le solent, afin de voir si il se hisse bien avec ses nouveaux mousquetons. Deuxième bon point. Le second pilote, acheté d’occasion, est installé. On remarque qu’il fait exactement le contraire de ce qu’on lui demande. Hummmm, on verra plus tard. Mettons le pilote d’origine pour l’instant, pour tester si son nouveau moteur électrique fonctionne…. Oui,……ok, bonne nouvelle. A voir sur la durée, et avec de la mer. L’AIS semble émettre ma position correctement. Parfait.

On tourne près de la pointe du Roselier. On aperçoit le drone de David qui décolle. Qui se rapproche. On tire un bord droit sur la pointe. On se salue. Il n’a pas pu tourner autour du bateau mais les images devraient être sympa tout de même !

Cap sur Bréhat, c’est parti, il est 10h30. Vraiment peu de vent. Moins de 10 nœuds, de Nord-Ouest.

On se met dans la cabine et on en profite pour ranger tout l’avitaillement. On n’a pas eu le temps de le faire hier soir. Quatre sacs de courses remplis à ras bord et 27 bouteilles d’eau. Pendant ce temps, notre ligne de traine nous amène quatre maquereaux. Les premiers de la saison !

Loussounga est au près. Ca avance tout doucement. On a encore du réseau, on check la météo du lendemain, dimanche. Il est annoncé pétole. On regarde s’il est possible de rentrer sur Perros Guirec pour la nuit. Si pas de vent dimanche, autant rester à terre au lieu de faire du moteur toute la journée. En même temps, la météo annoncée semble être identique à celle communiquée pour aujourd’hui. Et en ce moment, on progresse quand même à quelques petits noeuds. Bref, passons Bréhat, nous verrons ce soir si on s’arrête ou si on continue.

Fin de journée. On décide finalement de faire de la route. Si on s’arrête, on va perdre beaucoup de temps.

Cette première nuit en mer sera longue et ennuyeuse. Le vent s’éteint en même temps que la lumière. Au près, à contre courant dans les Héaut de Bréhat, le cap indiqué par le GPS en milieu de nuit est de 140°. Je me frotte la tête : ok, on avance à reculons car le courant s’impose et le vent est trop faible. L’impression d’être scotché pendant des heures à observer le phare de Bréhat, si long à dépasser. Je cède : moteur. Le speedo, lui, nous a laché et indique 00.0 nœud. A noter sur la liste « points à revoir ».

Au petit matin, dimanche, nous sommes toujours au près. Un brouillard épais nous accueille. Impressionnant, on ne voit pas beaucoup plus loin que la proue du bateau.

Ca se dégage petit à petit mais cette journée de dimanche est à oublier. Couleurs tristes, ventres ballonnés, trop lente progression vers l’Ouest. On ne cherche pas à rester trop près des côtes pour tracer droit et ne pas trop se prendre la tête avec les cailloux bretons. Aussi, on choisit de contourner Ouessant par l’Ouest, avant de tirer un bord direct vers le Sud. On évite ainsi de passer par l’intérieur, pour ne pas s’embêter avec les cailloux et leurs balises de nuit. Ca rallonge donc un peu la route mais ca nous fait entamer la descente avec la marée. Toujours au près, on vire de bord en début de nuit : Il est 22h. Le phare de Ouessant, on le voit de très loin. On est à 10 ou 15 kilomètre de sa lentille : l’impression de pouvoir le toucher. Il nous éblouirait presque ce géant.

Nous sommes entre l’île et le DST. Pourtant, on voit très peu de cargos. Etonnant. Pas plus mal non plus. Après Ouessant, la Chaussée de Sein. Au petit matin, le soleil est là. La pointe de Bretagne est derrière nous.

Vent de Nord-Ouest, petit déjeuner et on hisse le spi. Les sourires reviennent et des dauphins font leur apparition. Ils ne nous quitteront plus de la journée. La mer est calme, le bateau ne fait pas d’embardée : le pilote est à son aise pour tenir le spi. Faut dire que le vent n’est pas violent… une dizaine de nœuds .Désormais, c’est tout droit jusque la bouée Gascogne : cap au 180°, on y va !

Jean-Pierre m’envoie son premier bulletin météo en 160 caractères. C’est le format imposé par ma petite balise satellite. Je le recopie dans le journal de bord. Ca fonctionne bien.

On arrive bientôt à l’endroit où les fond descendent très rapidement. On passe de 100 mètres à plus de 4000 mètres de profondeurs en quelques dizaines de miles. Impressionnant à voir sur la carte. Ce dénivelé radical, dans les profondeurs, peut générer une mer dégeulace. C’est ce qui donne une si mauvaise réputation au Golfe de Gascogne. Aujourd’hui, les conditions sont très favorables. Les dauphins nous montrent la direction à suivre et on s’imagine descendre l’équivalent du Mont Blanc en quelques heures, sur une gigantesque piste bleue. Le sondeur affiche désormais «--» , étant incapable de mesurer les quelques milliers de mètres de profondeur sous Loussounga.


Alors que Mathias se repose, je m’interroge. Ces derniers temps, à terre, chaque fois que je suis en hauteur que j’ai la possibilité de regarder au loin, je me dis : quel effet cela doit-il faire de parcourir toute cette distance, avec pour seul entourage, l’eau. Et sur un bateau relativement petit par rapport à cet espace. De l’imaginer, ça fait peur. Quand je suis en voiture et que je parcours un longue distance, je m’imagine en bateau et me dis : je vais peut-être parcourir vingt fois ça, au milieu de rien, sur Loussounga, de jour, de nuit, de jour, de nuit, …sans phare, sans circulation, sans aire de repos, sans rien à part mon bateau. Le vertige. Et bien aujourd’hui, assis dans le fond du cockpit, aucune terre à l’horizon. J’essaie de visualiser les milliers de mètres d’eau sous mes fesses instables. Et bien ca ne me fait rien. Rien du tout, à part plaisir de voir que ca ne me fait pas grand-chose. Par contre, même si l’eau est d’un bleu éclatant aujourd'hui, je n’ai pas envie d’y tremper un orteil. C’est comme ca. Et si je me retrouve contraint d’y faire un saut, ce sera à reculons, par l’échelle de bain, et le plus rapidement possible.


La vie commence à s’organiser à bord, petit à petit. Point sur la carte, météo, sieste, repas, musique, , etc… Nous avons de l’appétit à nouveau. Grosse boite de choucroute.

Mathias se motive régulièrement à improviser des petits repas qui se révèlent délicieux. Avec quelques pitas, un oignon, une ou deux tomates et une boite de sardine, on se régale plus que dans un restaurant à 30 euros. Si l’estomac va, tout est toujours meilleur sur un bateau qu’à terre.

Sur les grandes ondes, France Inter diffuse ses émissions. Avec un vieux poste qui était sur le bateau lors de son achat, on teste la réception : ca marche ! Je regarde l’heure de diffusion du bulletin météo marine : 20h03. Parfait ! On enregistre le bulletin avec un téléphone, avant de le réécouter pour le recopier dans le journal de bord. Mathias se met a écouter régulièrement des émissions, notamment le soir et la nuit, dans le cockpit. Ce vieux poste en plastique sera son coéquipier de quart.


Le soir arrive, veille de la troisième nuit. On hésite, mais on décide de garder le spi toute la nuit. Ca fait avancer, et si y a stress, ba on affalera. De toute façon, je n’arrive pas à dormir totalement, à part le matin. Donc je serai réveillé si besoin. D’ailleurs, la météo nous indique que le vent, actuellement de Nord-Ouest, va virer Nord-Est dans la nuit ou au petit matin. Il va donc falloir empanner le spi, mais pas trop tôt si on ne veut pas être contraint de faire route trop au Nord de la bouée sur le nouveau bord. Bref, on verra bien quand il tournera.

C’est beau un spi de nuit. Celle-ci est claire et le ciel très étoilé. Rien à voir avec les jours précédents. Voie lactée imposante. Le feu en tête de mât éclaire presque trop et nous éblouit lorsqu’on lève les yeux au ciel. Cette journée et cette nuit nous mettent le moral tout la haut.


C’est dans la matinée de mardi que le vent vire au Nord-Est. La pression atmosphérique augmente tout doucement depuis hier après-midi. On regarde le ciel : des « rues de nuages ». Exactement comme un cas décrit dans mon bouquin sur la météo. L’anticyclone des acores est a été annoncé stationnaire. Notre rotation de vent doit donc être lié à une dorsale qui pénètre le Golfe de Gascogne. Ca fait plaisir de commencer à comprendre quelque chose.

Etant un peu trop à l’Ouest de la bouée visée, on ne tarde pas à se retrouver vent de travers pour faire route directe. On doit donc affaler le spi. Bilan : on aurait du empanner plus tôt ce matin ou dans la nuit car le vent à virer très rapidement. Pas très grave en tout cas.

Milieu d’après midi. Il fait chaud. On reste en short toute la journée. Mathias décide de prendre une douche d’eau de mer. Il se verse un seau d’eau sur la tête. Savon. Je lui verse un second grand saut d’eau de mer bien rempli sur la tronche. Et une bouteille de d’eau douce pour un rinçage final. Il se rhabille. « Mince, j’ai encore du savon ici, et ici, et.. ici.. ». De mon côté, je lui demande de me raser la barbe à la tondeuse. Il prend un malin plaisir à me faire une barbe de rider de Harley. Je me regarde dans la vitre de son téléphone : j’ai tellement la barbe jaune qu’on dirait voir Asterix en promenade. On finit par tout couper, pas envie qu’une sale mouette se foute de ma gueule.


Bouée en vue ! Tape là gros peugars ! On est content comme tout. On avait peur de la louper, ou de la chercher longtemps. On est à 5 miles d’elle. Virement, deuxième gros check : on l’a fait ! On avait vraiment envie d’aller la chercher, cette bouée. Mais avec toutes les nouvelles voiles à bord et les autres petites choses qui n’ont pas pu être testées avant le départ, j’y croyais pas tellement. Je pensais très probable de faire escale samedi soir, ou peu après. Et bien non, on est allé voir à quoi elle ressemble, cette balise au milieu de rien. C’est une bouée flottante jaune qui mesure la houle dans le Golfe. Alimentée par des panneaux solaires, elle transmets ces informations à météo France.


Désormais, c’est un jour et demi de près pour remonter sur Concarneau. Le vent n’atteint pas 15 nœuds, donc ca reste très confortable. Nouveau couché de soleil. On est mardi soir, on est sur la route du retour, le moral est perché en tête de mât. Le vent est toujours Nord-Est et de gros nuages apparaissent. Pas très hauts, mais tout de même assez denses. Ca devrait apporter du vent. On l’espère.

Position sur la carte, la route directe théorique est au 15°. Nous sommes tribord amure, au près et on tente de suivre les moindres rotations de vent, tant qu’on grappille du terrain vers le Nord. Pour l’instant, on est contraint de faire cap au 325°. Le vent devrait rebasculer Nord-Ouest, dans la nuit ou demain matin. Il va falloir virer au bon moment, si on veut éviter de rallonger la route en continuant trop longtemps vers l’Ouest.

On vire en début de nuit, mais le vent est très instable. Ce sera notre dernier virement de bord jusqu’à l’arrivée. Mais pour le moment, c’est long. Alternance de pétole et de risées à ne pas rater. Parfois, le vent tombe tellement qu’on se retrouve à faire un tour sur nous même…360 degrés…puis ca remonte d’un coup, et ca repart sec ! …Puis ca retombe… et ainsi de suite.

De jour, on arrive à faire le lien avec les nuages, on voit les choses venir….Mais cette nuit, on ne voit rien. Rien autour de nous, rien au dessus de nous. Pas une étoile, pas de lune. On avance sur une piscine géante située au sous sol d’un bâtiment dont les plombs ont sauté.

La nuit, tout s’accentue. Quand on a un creux, c’est une vraie faim. Si il fait frais, on se les gèle. Et si on a sommeil, c’est alors une vrai lutte de soi contre coi. Mais surtout, la nuit, on a l’impression d’aller vite. Cette nuit de mardi à mercredi, les grosses risées qui s’invitent dans la pétole nous font faire des bonds de lutin. Ca accelère, accélère…Assis dans la descente, les mains sur le roof, je regarde droit devant. C’est grisant. Le bateau est gité, avance dans la nuit noire, au grée de l’humeur de la dorsale qu’on tente de transpercer. On ne voit pas plus loin que l’ombre du balcon éclairé par le feu de mât qui fait du zèle. Ca ne sert à rien de stresser et d’écarquiller les yeux. Si on doit taper dans quelque chose, on tapera dedans. L’important reste d’avoir une veille sur les bateaux que l’on pourrait croiser. Ceux là, on peut les repérer. Je m’autorise quelques micro-sommeil pendant que Mathias est hors quart. Ca permet de tenir.

Sur la carte, c’est reparti. Tire fesse, on remonte le plateau continental. Régulièrement, la perche s’arrête. On est planté sur la piste. On regarde autour de nous, pas de pisteur. Tant pis, moteur ON. 5 minutes. Ca repart. Moteur OFF. Les lignes sur le livre de bord s’enchainent. La nuit s’écoule. Le vent devient plus régulier vers 4 heures du matin. Nous sommes mercredi, ce sera notre dernière journée, et notre dernière nuit.


Fin d’après-midi, le vent monte autour de 15 nœuds. La pluie nous oblige à enfiler les vestes de quart. La pression diminue doucement, rien d’inquiétant. Au contraire, c’est du vent qui rentre, et c’est tant mieux. Bâbord amure depuis la nuit dernière, le vent continue sa rotation vers l’Ouest. Du près on passe au bon plein. La mer s’agite doucement. On décide d’affaler le grand génois et de hisser le solent. Le bateau sera plus facile à tenir et surtout, ce sera plus adapté si on termine au près pour contourner les Glénans, à l’arrivée, de nuit. La mer est plus creusée, quelques rares vagues atteignent les deux mètres, les moutons s’y accrochent. Pas plus que ca. Souvent moins que ca.


La nuit tombe. Dernier repas. Muffins au lard fumé cuisinés par Mathias. On fait nos pronostics d’arrivée. J’essaie de dormir un peu. Je n’y arrive décidément pas. Depuis le début, les seules moments de sommeil que j’arrive à capturer, c’est au petit matin, quand je ne tiens vraiment plus debout. Et j’enchaine 2 ou 3 X 1 heure. Parfois j’arrive à gratter un peu de sommeil dans l’après-midi, mais pas facile. Un mélange de préoccupation et d’excitation : après des mois à préparer le bateau, on y est.

Mathias gère la veille jusque minuit. Plein de petits points sur l’écran de l’AIS : ca grouille de bateaux. On les repère à l’extérieur. Y’en a de tous les cotés. J’en ai jamais vu autant. Signe qu’on se rapproche de la côte.


2 heures du matin: je réveille Mathias. Première cardinale en vue. Elle marque l’Est des Glénans. Après ces 5 jours de mer, la fatigue se fait sentir et cette arrivée nous parait longue, très longue. On est relativement très proche des côtes, par rapport à la distance parcourue jusque là. Mais il reste environ 15 miles, donc 3 heures encore à gérer. Le vent retombe petit à petit. C’est pas plus mal. On attaque la lecture des différents feux qui balisent l’entrée du chenal de Concarneau. On finit cette nuit à zigzaguer entre les feux à secteur d’un chenal qu’on ne connait pas, avec des cartes périmées qui affichent les mauvais code couleur, de nuit, et avec une belle dette de sommeil. On a vu plus simple…C’est pas plus mal d’être deux, ca permet de confirmer par deux fois ce qu’on décrypte au loin et d’éviter l’erreur d’interprétation. Je me rends compte que j’ai du mal à faire de simples soustractions…


Ca y‘est, voiles affalées, moteur. On passe la dernière marque, qui signale l’entrée su port. La marina est pleine ! Bateaux à couple par trois sur le ponton brise clapot. En voulant chercher une places, je me rapproche trop de l’enceinte de la vielle ville et touche la vase. Hmmm, je connais cette sensation, gaz en grand, j’essaie de faire tourner le bateau, j’ai pas besoin de ca maintenant, vraiment pas !

Mathias éclaire les pontons à la torche. On cherche désespérément une petite place pour s’y glisser et laisser tomber la pression. " Mathias, parle plus fort !". A cause du moteur, on doit parler fort pour communiquer entre nous et se comprendre, quitte à réveiller tout le monde. On veut en finir et se poser enfin.


Il est 5h30, nous sommes jeudi. Les amarres sont sur le ponton d’une place tout au fond d’une panne. Je crois qu’on a réveillé toute la marina. Peu importe. Les mouettes prennent le relais de toute façon.


Nous aurons parcouru près de 530 miles non-stop depuis samedi matin. Cette étape est importante et symbolique : elle valide le travail fait sur le bateau pour sa configuration hauturière. Les bannettes vont, pour la première fois depuis samedi dernier, être toutes les deux occupées en même temps. Elles nous apparaissent bien plus inconfortables qu’en mer et on décrouvre qu'elle sont très humides. Le jour se lève, nous tombons de sommeil, visages tout sourire.




 
 
 
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